Moi, je suis un enfant de 36 et un petit fils de la Commune de Paris.

C’est ma grand-mère qui m’a raconté la Commune de Paris, elle a connu le massacre des communards par les Versaillais. Mon grand-père était mort à la guerre de 14-18.

C’est mon père et ma mère qui m’ont raconté le front Populaire.

Mon père m’a raconté les manifs avant 36, en 34 contre les fascistes qui voulaient prendre le pouvoir en France pour faire comme en Italie et en Allemagne. Il m’a raconté comment, en 34, les gardes mobiles chargeaient à cheval sur la foule à coups de sabre. Il m’a raconté comment eux passaient derrière les chevaux pour trancher les jarrets des chevaux avec des serpettes pour les faire tomber au sol. Mon père a fait un mois de prison en 34.

Puis le front populaire avec ses luttes et toutes ses chansons magnifiques. Mon père et ma mère m’ont appris toutes les chansons du front populaire. On chantait

Ma blond’, entends-tu dans la ville

Siffler les fabriques et les trains ?      

Allons au devant de la vie      

 Allons au devant du matin*


Moi, j’ai 70 ans comme le front populaire. Moi, le front populaire j’y étais. En mai 36, j’étais dans le ventre de ma mère qui manifestait avec mon père sur les boulevards Parisiens. Je suis né en juillet 1936.

Ma mère m’a raconté qu’en sortant de son ventre, j’avais déjà le bras levé et le poing fermé. C’est pour ça que je dis que Je suis un vrai enfant de trente six et un petit fils de la commune.

* Extrait de la chanson Au devant de la vie. La plus répandue des chansons du Front Populaire, surtout auprès des jeunes, elle est devenue le symbole du Front Populaire.