L’école EDF, ça a été la meilleure année de ma vie scolaire.
Ce qui m’a marqué, c’est la camaraderie qu’il y avait là-bas. J’étais loin de chez moi. C’est la première fois que je partais de chez moi. J’étais complètement expatrié à sept cent cinquante bornes de chez moi dans un endroit que je ne connaissais pas avec des gens que je ne connaissais pas.
Avec des types venus de toute la France, des gens de partout.
Une petite anecdote.
Deux jours après qu’on soit arrivé, on nous avait mis par équipe de huit et on attendait gentiment dans le couloir avant d’aller voir le Directeur. Et y a un espèce de grand machin qu’était de Bousbeck, c’est dans le nord, Dédé Huide, André Huide qu’il s’appelait. Il attendait, gentiment coincé comme un mec du nord et à côté de lui y avait un petit toulousain, André Perret, un autre Dédé. Un moment, il y tient plus le petit toulousain, il lui fait :
– Ho, con ! T’y es d’où ? Con !
L’autre le regarde d’un air pas aimable et lui répond pas.
– Hey, con ! Je te parle con. T’y es d’où con ?
L’autre le regarde de plus en plus méchamment. Nous on était en face, on comprenait pas vraiment.
– Ho ! Con ! Je te cause con quoi ! Moi je suis de Toulouse con! Toi d’où tu es con ?
L’autre il se retourne et il allonge un coup de poing dans la gueule.
On a été obligé de les séparer.
Mais le gars de Bousbeck n’avait pas compris que c’était la façon de parler. C’était vraiment deux cultures différentes.
Ça c’est vraiment un des premiers trucs qui m’a vachement marqué, la découverte d’un autre monde. On n’était pas pareil.