C’est une histoire de Djaha. Il y avait un grand marchand très riche et à coté, il y avait la cour de Djaha qui était pauvre. Chaque jour, le marchand entendait Djaha prier Dieu :

– Dieu, je veux que tu me donnes 1000 dinhars. Je veux pas plus pas moins. Pas un dinhar de plus. Pas un dinhar de moins. Je veux mille dinhars.

Et tous les jours, le marchand entend Djaha dire la même chose :

– Dieu, je veux que tu me donnes 1000 dinhars. Je veux pas plus, pas moins.

Le marchand veut jouer un tour à Djaha. Il prépare un sac avec 999 dinhars. Quand Djaha fait sa prière, il lance le sac par-dessus le mur comme s’il tombait du ciel. Djaha ouvre le sac et commence à compter. Il compte 1, 2, 3, 4, 5… 999 dinhars.

– Merci Dieu pour ces 999 dinhars.

Le marchand pensait que Djaha allait relancer le sac mais il entend Djaha qui dit merci à Dieu. Il vient chez Djaha et il lui dit de rendre l’argent, que c’est lui qui l’a lancé pour s’amuser. Djaha lui répond :

– C’est pas toi qui m’a envoyé l’argent, c’est Dieu qui a entendu ma prière qui m’a envoyé 999 dirhams. C’est pas ton argent.

Le marchand se met à crier mais Djaha refuse de lui rendre l’argent. A la fin, le marchand dit à Djaha de venir avec lui chez le juge. Mais Djaha dit à son voisin :

– Je peux pas venir comme ça avec toi. J’ai pas d’assez beaux habits pour aller devant le juge. il me faudrait de beaux habits bien chauds pour que je vienne avec toi.

Le marchand lui prête sa belle djellaba en laine et lui demande de le suivre chez le juge. Mais Djaha se plaint encore :

– J’ai trop mal aux jambes. Si tu veux que je vienne il faut que tu me prêtes ton âne.

Et le marchand est obligé de prêter son âne à Djaha et ils sont partis chez le juge. Quand ils arrivent, le juge dit à Djaha :

– Djaha, qu’est-ce que tu as fait à ton voisin ? Il se plaint que tu lui as volé son argent.

Djaha s’approche du juge et il lui dit :

– C’est chaque fois pareil. Ce monsieur là, à chaque fois qu’il voit quelque chose chez moi, il dit que c’est à lui. Si tu lui demandes ma djellaba, c’est à qui, il va dire que c’est à lui. Il est riche, il a tout mais il veut tout ce qui est à moi.

– C’est à qui la djellaba ? Demande le juge au marchand.

– C’est à moi la djellaba. C’est moi qui lui ai donné. Crie le marchand.

Djaha dit au juge :

– Tu peux lui demander c’est à qui l’âne qui m’a porté jusqu’ici.

– C’est à qui l’âne ?

– C’est à moi l’âne. c’est à moi. crie encore le marchand.

– Vous voyez Monsieur le juge, dès qu’il voit quelque chose que j’ai, il dit que c’est à lui.

Le juge dit au marchand :

– Toi, rentre chez toi. Rien n’est à toi. Et toi Djaha, rentre chez toi, tout est à toi.

Djaha est rentré chez lui avec l’âne, la djellaba et les 999 dirhams.

Djaha, c’est un pauvre mais il est malin, il est rusé, il s’en sort toujours. Il y a beaucoup d’histoires avec lui chez nous au Maroc. Il est connu dans tout le monde arabe. Il change de nom suivant le pays. Depuis tout petit, on entend les histoires de Djaha là-bas