Dans le temps d’avant, on ne bougeait pas beaucoup. Pour aller à Paimpol, il n’y avait qu’un car par semaine, c’était les cars Henri qui faisaient ça. Alors, les cultivateurs montaient dans le car avec un grand panier plein de mottes de beurre. Ils amenaient le beurre à vendre comme ça. Ils emmenaient aussi dans le car des petits cochons à vendre.

Mon premier voyage, c’est quand j’étais à l’école à Kermouster, on nous a emmenés au Mont Saint Michel.

Mais, sinon, j’ai pas beaucoup voyagé, je suis toujours restée ici.

Le plus loin où j’ai été, c’était à Paris. C’était par un touriste qui venait ici et qui m’achetait des patates, un jour il m’a dit :

– On vient te chercher et on t’emmène avec nous à Paris. On va te faire visiter Paris.

J’ai été à Paris. C’était énorme ! Je n’avais jamais vu autant de maisons. On est resté 2 jours et on a beaucoup couru un peu partout. J’ai été jusqu’au 2ème étage de la Tour Eiffel. Ce qui m’a plu, c’est de manger sur un bateau mouche ; il y avait la musique et sur le bateau, ils expliquaient tous les monuments qu’on voyait. C’était vraiment très bien. Mais sinon, il y a trop de maisons et d’immeubles. Je me demande comment ils font pour vivre serrés là dedans comme dans des boîtes de sardines. Pour moi, c’est des clapiers à lapin. Ça se vit pas ! Mais pour beaucoup qui veulent trouver du travail, c’est comme ça. Pour mes petits enfants, c’est comme ça.

A Paris, je n’ai même pas pris le métro, je ne voulais pas aller sous terre comme ça. Je suis une vieille Bretonne, j’ai mes habitudes et tout ça ne me plaît pas. Il faut être juste. Quand on a eu une vie, une autre vie, c’est pas pareil. Paris, c’est pas pour moi.

C’était, il n’y pas très longtemps il y a 2 ans et, avant, je n’avais jamais été nulle part, j’étais toujours restée dans mes champs de pommes de terre.

Huguette, 75 ans, Kermouster