J’ai commencé à naviguer à 16 ans à la sortie de l’école maritime du Trieux. J’ai fait la pêche de 16 ans à 20 ans et après, j’ai arrêté de naviguer pendant 4 ans et demi pour travailler en salmoniculture sur un élevage de truites de mer. En 90, j’ai été licencié et j’ai repris la mer mais je ne voulais pas reprendre la pêche et je suis parti naviguer sur des cargos porte containers pour le commerce. J’ai été un peu partout de l’Europe du Nord en Afrique et aussi dans les Amériques.

Une anecdote, au début, on était parti de l’autre côté de l’océan en Amérique du Sud et on a débarqué au Pérou. Le premier bar où je suis rentré, qu’est-ce que je vois ? Un gars en train de faire des crêpes avec son bilik. Je me suis marré et j’ai dit que ce n’était pas la peine d’avoir fait 10000 kilomètres pour trouver la même chose que ce que j’avais chez moi.

Les Bretons, il y en a partout sur la terre et beaucoup de gars ici ont vu des tas de pays. Mais on est toujours content quand on rentre au port, quand on arrive chez soi.

Je me souviens au début, j’étais sur des bateaux caseyeurs qui pêchaient jusque dans le sud de l’Irlande et au large de l’Angleterre, on partait pas très longtemps, une douzaine de jours, mais au bout de 12 jours, on était content quand même d’arriver dans le port de Paimpol et de retrouver la terre et les autres, de retrouver sa famille.

Ça fait toujours quelque chose au cœur quand on revient. Mais avant de rentrer chez soi, il y avait toujours une escale au café pour boire un coup et raconter ce qu’il s’était passé. Pour certains, il y avait plusieurs escales et ils arrivaient chez eux, ça tanguait un peu.

C’est les hommes qui partent en mer, les femmes restent à terre. Les Bretonnes, elles sont comme les berniques, accrochées à leur maison. Tu ne leur feras jamais quitter la terre pour aller loin en mer. Ne plus voir la terre, ça leur fait peur.

Toussaint