J’ai la particularité d’avoir grandi et passer mon enfance entre terre et mer. Mon père était pêcheur à Loguivy et ma grand-mère était de Penhoat et elle était piqueuse, c’est à dire que c’est elle qui faisait les piqures pour les gens qui en avaient besoin. Elle avait suivi le début de formation d’infirmière dans les années 20 ou 30. Elle s’était arrêtée parce qu’en ce temps là, il fallait travailler jeune pour aider la famille.

Quand j’étais petit et qu’elle me gardait, elle m’emmenait avec elle pour aller faire ses soins. Ce qui fait que j’ai été partout avec elle du côté de Penhoat.

Après, à partir de 7 ans, nous, les enfants, nous étions très libres et on allait en bande où on voulait quand il n’y avait pas école. Ça allait de 7 à 11 ans et les plus petits suivaient et apprenaient en regardant faire les grands. On savait quand c’était l’époque des noisettes, l’époque des châtaignes. On connaissait les vergers où il y avait des pommes à chaparder. Je connais par cœur toute la forêt de Penhoat. On allait là-bas pour jouer avec les enfants de Traou Nez. On jouait dans les bois, on faisait des cabanes.

On était très libres et les parents n’avaient pas peur de nous laisser vivre et aller dehors. Il faut dire qu’en ce temps là, tout le monde se connaissait. C’est pas si vieux, c’est les années 70 mais c’est un autre monde, les gens n’avaient pas autant peur qu’aujourd’hui.

J’ai eu une enfance heureuse car j’ai eu la chance de grandir dans cette liberté.

Toussaint, 50 ans.