Je suis née en Algérie. J’ai vécu là-bas longtemps, beaucoup d’années de ma vie sont là-bas. Je me souviens quand mon père racontait les histoires de Djaha. J’aimais écouter mon père raconter. C’était des histoires qui font rire, des histoires qui font du bien et qui font réfléchir.
C’est comme ça qu’on est tous arrivés
Il y a un conte comme ça de Djaha. Ses cousins en France lui disent :
– Viens en France. Tu verras, c’est trop bien, ici, on a qu’à se baisser pour ramasser les billets.
Lui il dit non. Puis, un jour, comme il n’a rien, il décide de venir en France. Il prend le bateau. Il débarque à Marseille. Là, il voit sur un trottoir un billet de cent francs. Djaha, il se dit que c’est vrai, qu’en France, l’argent, t’as qu’à te baisser pour le ramasser. Mais au lieu de se baisser, il continue son chemin. Il se dit, qu’il va pas se fatiguer pour un seul billet, qu’il se baissera pour un ramasser un paquet. Il marche, il marche dans Marseille. Puis, il commence à avoir faim. Il n’a pas un centime. Alors, il cherche, il cherche. Il regarde partout par terre mais rien. Il marche tête baissée et un homme lui demande ce qu’il cherche. Djaha répond :
– Je cherche les billets.
– Quels billets ? Ma parole tu es fou !
Djaha court vers la rue où il a vu le premier billet mais le billet a disparu.
Nous, on est plein comme Djaha, on a quitté l’Algérie, notre pays, en pensant qu’ici, c’était facile, qu’on allait trouver de l’argent. C’est comme ça qu’on est tous arrivés. L’argent, on ne l’a pas trouvé et depuis, on a travaillé, travaillé pour l’argent. L’argent, on court toujours après et il n’y en a jamais assez.
Hassan