Les cousins de Djaha étaient venus en France pour travailler. Tout le temps, ils disaient à Djaha quand ils le voyaient au bled en Tunisie :

– Allez viens nous rejoindre en France. Pourquoi tu viens pas en France ?

Djaha disait :

– Non, je parle pas un mot de français, comment voulez vous que je vienne là-bas ? Personne va me comprendre et je ne vais comprendre personne.

Ils lui ont dit :

– C’est pas grave ! Tu prends tes clics et tes sacs et tu viens comme ça. Quand tu arrives à l’aéroport, quand les douaniers te posent des questions, tu dis juste Oui. A toutes les questions, tu réponds OUI. T’as compris ?

– Oui !

Voilà Djaha qui arrive à l’aéroport en France à Orly. La police des frontières l’arrête et un policier lui dit :

– Tu sais que c’est interdit de rentrer en France sans visa et sans papier.

– Oui !

– Si tu sais et que tu viens, tu sais que tu vas avoir des problèmes ?

– Oui !

– Tu te fous de nous ?

– Oui !

– Tu cherches la raclée ?

– Oui !

Alors, ils l’ont tabassé bien comme il faut et ils l’ont mis dans l’avion du retour, direction la Tunisie. Ses cousins l’ont rappelé au téléphone :

– Mais qu’est-ce que tu fais ? On t’attend en France. Pourquoi t’es pas venu ?

Djaha répond :

– Mais je suis venu et j’ai fait comme vous m’aviez dit, j’ai répondu Oui ! à l’aéroport mais les policiers m’ont tabassé et ils m’ont renvoyé ici.

– T’inquiètes pas ! cette fois ci tu reviens et tu ne dis pas Oui ! Tu dis Non ! t’as compris

– Oui !

– Non ! Tu dis Non ! T’as compris ?

– Non !

– Bon, tu viens, on t’attend.

Encore une fois, il arrive à l’aéroport. La police l’interroge encore une fois.

– Toi, on te reconnait. On t’a dit la dernière fois de ne pas venir en France sans papier. T’as pas compris ?

– Non !

– Alors, la première raclée, ça ne t’a pas suffit ?

– Non !

Il s’est pris une deuxième raclée et ils l’ont renvoyé en Tunisie.

C’est une histoire qui se raconte aujourd’hui en Tunisie, on en rigole mais c’est comme ça dans la réalité. Les gens sont venus travailler ici et puis ils sont restés.