Cette parole écrite, je l’ai eue par l’association Se Dire. Elle représente beaucoup pour moi, je l’avais accrochée chez moi. Voilà ce qui est écrit :

J’ai reçu des fleurs aujourd’hui, ce n’était pas mon anniversaire ni un autre jour spécial

Nous avons eu notre première dispute hier dans la nuit. Il m’a dit beaucoup de choses cruelles qui m’ont vraiment blessée. Je sais qu’il est désolé et qu’il n’a pas voulu dire ces choses parce qu’il m’a envoyée des fleurs aujourd’hui.

J’ai reçu des fleurs aujourd’hui, ce n’était pas notre anniversaire ni un autre jour spécial

Hier, dans la nuit, il m’a poussée contre un mur et il a commencé à m’étrangler. Ça ressemblait à un cauchemar. Je ne pouvais croire que c’était réel. Je me suis réveillée ce matin, le corps douloureux et meurtri. Je sais qu’il doit être désolé parce qu’il m’a envoyée des fleurs aujourd’hui.

J’ai reçu des fleurs aujourd’hui, ce n’était pas la fête des mères ni un autre jour spécial.

Hier, dans la nuit, il m’a de nouveau battue. C’était beaucoup plus violent que les autres fois.

Si je le quitte, que deviendrais-je ?

Je suis effrayée à l’idée de partir Je sais qu’il doit être désolé parce qu’il m’a envoyée des fleurs aujourd’hui.

J’ai reçu des fleurs aujourd’hui.

Aujourd’hui, c’était un jour très spécial, c’était le jour de mes funérailles. Hier, dans la nuit, il m’a tuée, il m’a battue à mort. Si seulement j’avais eu le courage de le quitter, je n’aurais pas reçu de fleurs aujourd’hui.

Quand j’ai lu ça à l’association pour les femmes battues, la première fois, je me suis dis :

C’est moi ça.

Parce qu’il était toujours désolé après et il m’offrait des fleurs. Il disait qu’il était désolé et que je n’avais qu’à pas l’énerver. Ce n’est jamais de leur faute, ils sont toujours désolés et ils t’offrent des fleurs.

Une fois, à la fin, à Auchan, une des premières fois où j’ai osé l’affronter. Il m’avait battue dans la nuit et à Auchan, il voulait m’offrir des fleurs. J’ai dit devant tout monde :

– Comment tu peux m’offrir des fleurs ? Je ne les veux pas. Je vais te les écraser à la face si tu oses m’offrir des fleurs. Tu n’es qu’un salopard et puis c’est tout.

Cette parole m’a donnée de la force pour tenir, pour lutter contre la peur, pour vaincre la déprime.

Ce sont des paroles que l’on devrait mettre dans toutes les maisons de quartier. Des femmes battues pourraient les lire. Ça pourrait les aider. Comme mon témoignage, j’espère que ça peut aider des femmes à prendre conscience.

Il faut oser parler, oser briser le silence.