Je m’appelle Gilberte. Ancienne de l’usine à Mays où je travaillais comme couturière. J’ai appris la couture et maintenant, je fais toujours un peu de couture pour les uns ou pour les autres.
Ici, je continue à coudre quand quelqu’un à du raccommodage à faire, je le fais. J’ai quand même arrêté un petit peu car j’ai quand même 80 ans.
Chez nous, on était douze enfants. On était même treize, car maman avait perdu une petite fille à vingt deux mois.
Mes parents n’étaient pas riches. Mon père travaillait dans une usine où il ne gagnait pas trop.
On n’a jamais eu de jouets vraiment. On avait que les jouets que les uns ou les autres nous donnaient. On n’a jamais eu de jouets que nos parents ont pu acheter.
Mais on a été élevé quand même sans souffrance. Mais la vie est dure quand on est rejeté un peu de partout quand on est pauvre.
Mes parents faisaient tout ce qu’ils pouvaient. Ma maman travaillait nuit et jour pour faire du raccommodage pour gagner un peu d’argent et mon père, c’était pareil.
Mais les gens ne reconnaissent pas ça.
On n’était pas riches mais on a vécu quand même.
Chacun, quand il trouvait une bonne place partait et il libérait la place dans la maison.
Quand j’ai trouvé du travail à l’usine de couture, j’étais contente car j’allais gagner ma croûte. C’est déjà vieux tout ça. J’ai travaillé longtemps à l’usine Razurel. Je me suis mariée mais j’y suis restée encore. Puis l’usine est partie de Mays aux Teilles. Là, j’y suis plus retournée.
J’ai perdu pas mal de choses. J’ai perdu mon père, ma mère, mes deux frères et l’une de mes sœurs.
Je me suis mariée et j’ai eu trois enfants. Mon mari m’avait laissée tomber. Il était parti avec une autre. J’ai du élever seule mes trois enfants comme j’ai pu. Je faisais de la couture nuit et jour pour les unes ou les autres. Comme ça, j’ai pu réussir à élever mes enfants.
Il a fallu que je les habille, que je leur paye l’école comme convenu. J’ai élever mes enfants toute seule et maintenant, ils vivent tout seul. Quand je peux, je les aide un peu.
Gilberte, 80 ans.