Je travaille dans un institut de beauté. C’est un monde de femme, c’est un lieu de paroles dans le positif comme dans le négatif. C’est un peu un confessionnal pour beaucoup de femmes. Les gens viennent pour des soins de beauté et se confient en même temps. Ici, il y a un contact humain physique, on touche la peau des femmes, on est dans l’intime.

Mon rôle, c’est de les écouter, de les réconforter, de les conseiller parfois, de leur redonner le moral. Quand elles sortent, elles se sentent mieux dans leurs corps mais aussi dans leurs têtes, elles ont le sourire.

Je fais ce travail depuis l’âge de dix huit ans cela fait trente cinq ans et j’ai vu des centaines, des milliers de femmes. Des milliers de femmes m’ont parlé.

Je connais la vie des gens. Les femmes viennent à l’institut pour un soin esthétique mais, on sent qu’elles viennent surtout pour pouvoir parler, se libérer, être écoutées.

On entend toutes les choses de la vie, il y en a des bonnes heureusement mais il y en a beaucoup de très mauvaises. Mon rôle alors, c’est de les réconforter, de les soutenir. Je connais des histoires très fortes mais une fois que j’ai écouté une femme se confier, je ne vais pas courir dans la ville pour tout raconter, je garde ça pour moi. Il faut savoir se taire aussi.

Il y a parfois des choses très lourdes, des histoires de famille très difficiles. J’essaye de les aider, de leur donner des conseils qui me semblent bons et bien pour elles.

Elles me parlent de tout, de leurs enfants, leurs maris, les problèmes de vie de couple, l’argent. Entre femmes c’est plus facile, elles peuvent raconter toute leur vie de seule à seule. Il n’y a pas d’oreilles d’hommes.

J’avais une cliente qui venait toutes les semaines pour un soin du visage. Je lui ai dis que ce n’était pas nécessaire de venir aussi souvent. Elle m’a dit :

– Vous savez, je viens chez vous c’est pour pouvoir parler.

Les soins, elle n’en avait rien à faire, elle venait pour se libérer. Elle me racontait toutes ses histoires et elle repartait soulagée et ça restait entre nous.

Anne