On s’éloigne les uns des autres, on ne se voit plus, pire, on ne voit plus le mal. On laisse faire le mal.
L’autre jour, il y avait des hommes qui frappaient un autre homme. Les gens passaient sans rien dire. Moi, je ne suis qu’un femme mais j’ai crié, j’ai crié. Je ne criais pas après les hommes mais je criais sur les gens, je leur disais :
– Faites quelque chose ! Séparez les ! Faites quelque chose !
Les gens me regardaient mais personne n’osait intervenir. Les gens avaient peur de ceux qui faisaient le mal. Ils avaient peur et ils regardaient sans rien faire.
Pour moi, c’est terrible de ne rien faire, car si je vois une chose et que je ne fais rien, demain, s’il m’arrive quelque chose, personne ne fera rien.
Il faut ouvrir le chemin. Il ne faut pas avoir peur de ceux qui font le mal c’est ceux qui font le mal qui doivent avoir peur. Il faut bien quelqu’un pour ouvrir le chemin. Il faut prendre ce risque. Sinon demain c’est le pire qui nous attend.
Imagine, demain, ils viennent te prendre Saâdia et ils la jettent en prison. Et moi, je ne dis rien, je ne fais rien car, moi, je ne suis pas arabe. Puis après, ils viennent et ils emmènent Alia et ils la jettent en prison. Mais moi, je ne dis rien car je ne suis pas Chaldéenne. Puis ils viennent et ils prennent Salimata et moi, je ne fais rien car je ne suis pas noire. Mais à la fin, ils viennent pour me prendre et ils me jettent en prison et il n’y a plus personne pour dire quelque chose pour moi.
Si on intervient, on se protège les uns les autres, on se fait du bien et on se protège du mal.
Mélek dans ma langue, cela veut dire Ange
Chez nous, on dit la parole ouvre la parole…