J’ai 27 ans mais combien d’entre vous le savent. Peu m’ont parlé, beaucoup m’ont vu, regardé passer dans les allées avec mon fauteuil électrique.

Je voudrais vous dire quelques mots pour faire tomber les barrières.

Partir avec la CCAS, ça me change du monde du handicap. Je vis dans un foyer pour handicapés et le monde du handicap, c’est vivre tout le temps qu’avec des personnes comme moi, qui ont du mal à marcher, à utiliser leurs bras, leurs jambes, à parler. Certains ne peuvent rien faire du tout.

Mon espoir par rapport aux gens c’est qu’ils ne m’appréhendent plus, qu’ils n’aient pas peur de moi, qu’ils n’aient pas peur de m’approcher, de me parler. Ce que j’ai, ça ne s’attrape pas. Mais ça peut arriver à tout le monde, on n’est pas à l’abri. Ça peut arriver tellement vite et tout bascule du jour au lendemain.

Moi, je n’ai jamais connu que la vie avec le handicap, ça m’est arrivé à la naissance.

Quand j’étais tout petit, je ne m’en rendais pas compte. C’est qu’après, quand je voulais marcher comme les autres, je n’avais pas d’équilibre, je tombais. J’avais du mal à parler et à faire les choses.

Aujourd’hui, je me dis que j’ai de la chance. Je me suis adapté à mon handicap, Je ne me plains pas car je peux faire plein de choses tout seul. Je fais les choses lentement et je ne suis pas assez rapide pour travailler. J’ai cette chance d’être autonome. Je peux manger tout seul et j’ai juste besoin d’aide pour couper ma viande, pour me laver les dents, pour me laver le dos ou les pieds, pour me laver la tête. Je peux aller aux toilettes tout seul. C’est un grand avantage. Certains de mes amis handicapés sont bloqués complètement et ne peuvent rien faire tout seul. Des fois, c’est moi qui mes aide un peu pour leur donner un objet ou leur ramasser quelque chose.

Des fois, c’est dur, de voir le regard des autres. On a l’impression, quand on est dans la rue, quand on voit les yeux des gens, qu’ils ont peur de nous.

Les gens ne savent pas comment nous aborder, ils ont du mal à nous approcher.

En fait, je voudrais leur dire qu’ils n’ont pas peur de moi mais qu’ils ont peur de mon handicap.

Faire tomber les barrières, c’est dire qu’on est tous pareil avec quelques petites différences.

Si l’autre se mettait à notre place, il comprendrait ce qu’on peut rencontrer comme difficultés et ils n’auraient plus peur de nous.

Parler de mon handicap, c’est quelque chose de difficile que je n’aime pas faire mais je parle pour que les autres comprennent, pour faire tomber les barrières entre les personnes handicapées et les valides.

N’ayez plus peur des personnes handicapées, ça ne s’attrape pas.

On n’a pas le choix d’être handicapé, on doit accepter ce qu’on est, on ne peut faire autrement alors acceptez nous comme on est.

Acceptez nos différences…

Jérôme, 27 ans.