J’étais au district de Partenay et à l’époque on formait une vraie équipe de rugby, on était très soudés. On était 19 et les 19 syndiqués à la CGT. C’était aussi une vraie bande de copains, on se retrouvait souvent pour boire un coup ou faire la fête.

Au district, c’était une vieille bâtisse et les vestiaires étaient dans un sale état. Il n’y avait même pas de douche. Tout était vieux et dégueulasse. On avait demandé plusieurs fois à la direction, en CHS, de refaire les vestiaires et d’installer des douches. Mais le chef de centre qui ne nous aimait pas trop, il nous trouvait trop rouge à son goût, refusait de faire quoi que ce soit.

Un soir, on en a eu marre et avec les copains on en a discuté en buvant un coup. Certains en avaient tellement marre qu’ils voulaient faire grève. Mais on trouvait ça con de perdre de l’argent pour quelque chose qui nous était dû.

Et là, on a eu l’idée de ne plus aller se changer dans les vestiaires mais dans le bureau du chef de district et dans l’accueil public. Tout le monde était d’accord et le lendemain matin avec mon collègue d’équipe, je frappe à la porte du chef. Il me dit d’entrer. Il nous voit et il nous demande ce qu’on lui veut.

– Voila Monsieur comme les vestiaires sont trop sales et vétustes, on a décidé de venir se changer dans votre bureau.

– C’est quoi ces conneries ! Mais il n’en est pas question !

Et là, on descend nos pantalons, on retire nos chaussures et nos chemises. Et nous voilà en slip devant le chef.

– Mais vous êtes fou ! Mais vous êtes fou !

– Non monsieur, on n’est pas fou mais tant que vous n’aurez pas refait nos vestiaires avec des douches on viendra se changer chez vous.

– Vous pouvez faire ce que vous voulez ça ne changera rien.

On a enfilé nos bleus et on est parti sur les chantiers en lui laissant nos habits en tas par terre. Le soir, rebelote, on est revenu se changer dans son bureau et on a laissé nos bleus qui sentaient bien fort la sueur. Pendant que nous on se changeait dans son bureau, d’autres se changeaient en plein accueil clientèle. Ça a duré trois jours comme ça. Au bout du troisième jour, on arrive dans le bureau et le chef de district nous menace de sanction et nous averti que le chef de centre sera là le lendemain. Le lendemain, on revient et le chef de centre était là, en personne. Nous, on se démonte pas et on commence à se désaper.

– Mais qu’est-ce que vous faites là ?

– Monsieur, venez voir nos vestiaires et vous comprendrez ce qu’on fait là.

Et le chef de centre est passé voir nos vestiaires. Un mois plus tard, nos vestiaires étaient refaits à neuf et on avait enfin des douches.

Cette histoire nous a montré qu’on n’est pas toujours obligé de faire grève pour obtenir quelque chose et ça reste une action mémorable.

Je me revois nous désaper devant le chef éberlué. C’est la seule fois de ma vie où j’ai baissé mon pantalon devant un patron.