Je n’ai rien de gai à raconter.

Je suis venue par là en me mariant mais je ne suis pas de là, je suis pas loin, du Puy en Velay. Je suis arrivée en 1957 en Ardèche et maintenant, ça fait trois ans au moins que je suis ici. La dame ci y était déjà, et c’est tout. Les autres sont arrivés après.

Moi, ma vie ?

Ma vie, j’ai perdu ma maman très jeune, je n’avais pas dix ans. Ma vie a été là, bien bousculée.

Mon père s’est remarié plus tard, bien sûr, pour qu’on ait un foyer où se retrouver.

Ma belle-mère n’a pas été méchante avec moi mais elle n’a pas été tendre non plus. Je n’ai jamais été choyée par elle.

Mais vous savez, une maman ça ne se remplace pas. Je n’ai pas besoin de le dire à toutes ces dames.

Et après, je me suis mariée assez tard à un monsieur, veuf, qui avait déjà deux enfants grands de vingt ans.

Et ensemble, nous avons eu un fils.

Moi, je n’ai qu’un fils et il est à Lyon.

Et toute la semaine, il travaille.

Ça travaille les jeunes quand ça travaille car le travail ne court pas les rues. Et moi, je suis là.

Simone 90 ans