Avant, j’étais aide-soignante à l’hôpital de Saint Germain en Laye dans les Yvelines. J’étais en salle d’accouchement. J’étais avec les sages femmes et c’est moi qui récupérait les bébés qui naissaient, je les pesais, je leur faisais leur première toilette, je les habillais et tout ce qu’il fallait faire. Une fois, il y a une femme qui accouchait. Juste avant, elle avait perdu sa petite fille. Elle était sortie faire des courses et sa fille était montée sur une chaise dans la cuisine et elle était passée par la fenêtre ouverte. Le jour où elle a accouché, son cordon était sorti avant la tête et c’est très dangereux pour le bébé et pour la maman. Il fallait faire une césarienne d’urgence. J’ai couru dans l’hôpital pour chercher le chirurgien. Je criais :

– Vite ! Vite !

– Le docteur est arrivé à temps et il a réussi à sauver le bébé et la maman.

Le mari, après m’a offert 24 roses rouges de baccarat. J’en ai eu des cadeaux. J’ai vu naître beaucoup de bébés. C’était le bon temps. Maintenant, je regrette tout ça.

J’ai un fils à Fréjus, une fille à Marseille et mon dernier qui est là. J’habitais seule dans un deuxième étage. Mais mon fils n’a pas voulu que je reste seule et il m’a pris avec lui. C’est mon fils qui m’a fait venir ici. Il habite ici à Aubignas. J’habitais chez lui mais j’ai fait un coma. On n’a jamais su pourquoi. On m’a fait faire un tas d’examens, on n’a rien trouvé. Et mon fils m’a placée ici mais j’aime pas. J’aime pas. J’ai toujours vécu à la ville avant. J’arrive pas à m’habituer à ici.

Ici, on est bien mais c’est pas ma vie…

Mais la vie continue.

Heureusement, mon fils vient souvent me voir. Ma voisine peut le dire, mon fils vient souvent me voir.

Jacqueline 77 ans

Quand ils ne sont pas trop loin, ils viennent nous voir.

Suzanne, 91 ans.