Pendant la guerre, on mettait des bandes de papier collées sur les fenêtres. On était près du train. Et quand le train passait, ça secouait les carreaux mais avec ça, quand il tombait des bombes, ça faisait des secousses et les carreaux cassaient.

Pendant la guerre, j’avais seize ans, il n’y avait plus rien, plus d’école. Je n’avais pas pu passer mon brevet. Je voulais trouver du travail. J’ai été sur Roubaix et je suis rentrée dans la couture en 1940. Là, j’ai appris la couture.

Mon mari était au régiment alors, quand il est revenu, on s’est marié. On n’avait pas de sous, on n’a pas fait un mariage en blanc, on n’avait rien mais on a fait un mariage tout simple avec la famille et avec ce qu’on avait.

A l’époque, on n’avait rien, mon papa et ma maman travaillaient à la lainière de Roubaix, à la filature pour faire la laine. Ils partaient le matin de bonne heure et ils rentraient tard le soir. Ils se préparaient leur casse croûte qu’ils mangeaient là-bas, sur place. Ils travaillaient six jours par semaine et le dimanche, non. Ils travaillaient beaucoup mais ils n’avaient pas beaucoup de sous.

Ma grand-mère était avec nous et c’est elle qui nous gardait. C’est elle qui nous a élevés. Elle s’appelait Pauline.

Elle m’avait racontée sa vie. Elle m’avait racontée qu’elle était née en Auvergne mais qu’il n’y avait pas beaucoup de travail alors elle était montée sur Paris comme cuisinière dans un restaurant. Après, à Paris, elle a connu un agent de police et elle s’est mariée avec. Lui, cet agent de police, c’était mon grand-père, il était de Roubaix. Et c’est comme ça qu’ils sont remontés dans le Nord rue Kléber, à Croix.

Mes parents, après, ont gardé ma grand-mère avec eux jusqu’au bout.

Par moments, j’ai des souvenirs qui me reviennent, je revois tout ça.

Gabrielle, 87 ans.