On a eu un tout un tas de gens qui avaient des bateaux et qui venaient à Loguivy pour les régates du 15 août pour affronter les bateaux des pêcheurs. Les marins d’ici faisaient les régates sur leurs bateaux de pêche.

Cette époque, je l’ai connu un petit peu avec mon grand-père. Mon grand-père avait un bateau à voile qui s’appelait Gloire à Dieu et il régatait dessus. Mon grand-père n’aimait pas les bateaux à moteur, il en avait peur et il n’a jamais voulu mettre de moteur sur son bateau. Jusqu’à sa retraite il a navigué à la voile. Moi, j’ai été un petit peu en mer avec lui, je devais avoir 4 ou 5 ans. Mais à l’époque, il y avait déjà les bateaux à moteur.

Il y avait beaucoup plus de bateaux de pêche. Je me rappelle qu’il y avait des bateaux tout autour du port. J’ai des cartes postales, où on voit encore tout ça. Il y en avait bien une cinquantaine.

Aujourd’hui, il en reste une douzaine qui font la coquille, l’hiver et des filets à araignées et, au printemps, quand la coquille s’arrête, ils font toujours les filets à araignées et les casiers pour les homards et les crabes et aussi un peu de poissons.

Et, quand j’étais gamin, je me rappelle que les patrons des bateaux faisaient venir leurs équipages ici pour leur donner leur paye au bar. Mon père qui était pêcheur faisait pareil. Tout était en liquide à l’époque et les gars étaient payés de la main à la main. Tout était compté à table et il faisait le partage sur place ; une part ou 2 pour le bateau, une part ou 2 pour le patron, et le reste, divisé entre les matelots. La paie se faisait à la semaine. Si tu ne sortais pas à cause du mauvais temps ou autre chose, tu n’avais rien. Tu travaillais toute l’année, il n’y avait pas de dimanche ou de jours fériés.

Tous les pêcheurs avaient aussi leur jardin avec des bêtes qu’ils élevaient. Pour les grandes marées, ils allaient aux ormeaux, aux praires. A l’époque, tout le monde faisait son petit stand vendait directement dans la rue, c’était encore autorisé de faire ça.

J’ai toujours été ici.

Je pense que les gens qui vivent à Loguivy toute l’année ne sont sûrement pas riches mais ils vivent bien. Celui qui aime aller en mer, faire les grandes marées, faire du bateau, il n’est pas mal comme ça.

Il y a des gens d’ailleurs qui viennent vivre ici. Je ne me vois pas aller ailleurs.

Alain, 60 ans.