J’ai participé à beaucoup de lutte en 34 ans d’EDF.
On parle beaucoup des grandes dates, des grandes bagarres comme 68, 95 ou récemment contre le CPE. Ça c’est un peu les luttes vedettes. Mais les gens voient pas les petites luttes de tous les jours, la résistance au quotidien dans les services, dans les bureaux, sur les chantiers. C’est là où c’est le plus dur.
Puis il y a toutes les grandes grèves qu’on fait et qui sont pas célèbres.
Moi, je peux compter sur les doigts d’une main, les grèves que j’ai pas faites depuis 34 ans. C’est simple, l’autre fois, je rangeais mes papiers et je me suis amusé à regarder sur les feuilles de payes les retraits sur salaire que j’avais eu pour fait de grève. J’ai entre 4 et 23 jours de grève par année.
Au total, je suis à 211 jours de retenue sur salaire. Ça fait plus d’un an de grève, plus d’une année de salaire en moins sur une vie de travail.
La lutte, pour moi, c’est la possibilité d’aller jusqu’au bout de ses idées.
Toutes les grandes grèves, de 68 à 95, je les ai faites. On perdait beaucoup d’argent. Les médias oublient de dire que les ouvriers perdent beaucoup d’argent dans les grèves. Mais c’était la seule façon de défendre nos droits.
La lutte, c’est pour nous mais c’est aussi pour ceux qui viennent après nous. Faire grève c’est aussi penser aux jeunes qui nous suivent. Les deux grandes luttes que j’ai vécues sont 68 et 95. C’était très fort.
Je me suis syndiqué à l’âge de 18 ans et 43 ans plus tard, je le suis toujours et je participe aux luttes d’aujourd’hui. Mes cheveux ont blanchi mais mes idées n’ont pas pris une ride.
J’ai participé aux manifs contre le CPE, j’étais avec tous ces jeunes, coude à coude, à marcher dans la rue. C’était beau à en pleurer ces manifs avec ces foules de jeunes qui chantaient à plein poumons.
On lutte pour l’honneur, pour défendre nos valeurs humaines, pour mettre en avant l’idée de l’homme.
C’est l’humain qui prime dans la lutte.