Le hasard nous a fait arriver ici par la mer comme les Saints Bretons.
Nous habitions Lyon et nous avions un bateau à voile, c’était un bateau assez grand car nous naviguions dessus pendant un mois l’été. Nous montions à bord le 14 juillet pour en redescendre le 15 août. Nous naviguions sur la Méditerranée occidentale que nous connaissons bien ; l’Espagne, la Tunisie, la Corse. Le plus loin, c’était Malte. Ce bateau devenait vieux et nous avons décidé de nous en séparer. C’était un bateau en bois et on nous a dit que nous aurions plus de chance de trouver acquéreur en Bretagne que dans le midi.
Alors, nous avons remonté la Saône, nous avons descendu la Seine jusqu’au Havre, , puis nous avons navigué par la mer jusqu’ici à Pontrieux.
Nous avons été reçus par des amis qui nous ont fait connaître ce coin charmant. Nous avons laissé notre bateau pendant un an. Au cours de l’hiver, nous sommes venus plusieurs fois pour voir si notre bateau allait bien ; chaque fois, nous trouvions le pays vraiment très charmant.
Nous sommes tombés amoureux de la rivière et de l’estuaire.
L’été d’après, nous avons pris une location pour mieux connaître le coin et nous avons regardé les maisons qui étaient en vente. On nous a parlé d’un vieux moulin à mer sur le Trieux. Quand nous sommes arrivés, nous avons le un coup de foudre et nous l’avons acheté tout de suite. Presque en même temps que nous achetions la maison, nous avons vendu notre bateau. C’est l’époque où nous sommes partis en retraite et en arrivant ici, nous avons redémarré une autre vie.
Nous sommes tombés amoureux de ce moulin et 20 ans plus tard, nous en sommes encore amoureux.
En arrivant, nous nous sommes sentis comme des immigrés. Avant, nous ne nous étions jamais vraiment enracinés ; nous avons vécu à Lyon, à Paris mais aussi, entre temps, en Angleterre, aux Etats-Unis, en Allemagne.
Jean a un grand-père Lillois un autre de Saint Maixent, une grand-mère de Versailles et il est né à Nogent Sur Marne par hasard. D’où est-il avec tout ça ?
Finalement, ici, c’est l’endroit où nous avons vécu le plus longtemps, ici, nous nous sentons enracinés. Nous sommes des jeunes Bretons. Les racines, c’est là où l’on cherche la sève.
Nous profitons de notre nouvelle vie chaque matin. Nous vivons très proche de la nature ici, nous regardons les oiseaux. Nous avons des ragondins, des loutres, des hérons, des aigrettes, tout un tas d’espèces sauvages qui vivent naturellement par ici.
Nous ne nous lassons pas de vivre au milieu de cette nature.
C’était il y a 20 ans et depuis, nous sommes toujours là.
Aliette et Jean