En Bretagne, avant, lorsque les femmes allaient aux champs, il arrivait qu’elles accrochent leurs bébés langés au mur pour pas que les bêtes comme les rats ou les poules viennent les manger. Les bébés pendaient accrochés, ils étaient parfois couverts de mouches mais ils ne risquaient rien comme ça. Je le revois ce bébé accroché au mur dans ses langes.
J’ai eu mon premier bébé en 1947 et je ne l’ai jamais mis en langes. A l’époque, c’était une énorme nouveauté. Auparavant, toutes les femmes emmaillotaient leurs bébés de la tête aux pieds mais moi, non, je l’habillais de petits chaussons, des culottes de laine et des brassières. J’ai été une pionnière de cette révolution. On mettait des couches en tissu qu’il fallait laver à la main. Ça en faisait des lessives. La machine à laver a été une sacré évolution pour les femmes qui ont pu se libérer de la terrible corvée de la lessive au lavoir.
J’ai connu dans ma vie toute une évolution de la femme, de la machine à laver à la pilule et au droit à l’avortement. En 68, il y a eu le mouvement d’émancipation des mœurs. C’était une explosion de jeunesse et il y avait un grand besoin de liberté féminine.
Après, il y a eu le droit à l’avortement en 1975 qui est arrivé. Il y avait eu une grande manifestation à Bobigny avec, en tête, Gisèle Halimi pour soutenir Simone Veil et sa loi autorisant la loi sur l’avortement. Les femmes brandissaient des pancartes avec Liberté pour les femmes, Droit à l’IVG. Heureusement, que c’est arrivé ! ça a été une très grande évolution.
Auparavant, les femmes pouvaient avoir un enfant par an. Il fallait toujours faire très attention. La peur d’une maternité non désirée, ça gâche la vie d’une femme.
Aujourd’hui, je ne comprends pas que certaines jeunes filles n’utilisent pas les moyens de contraception pour se protéger mieux d’une grossesse non voulue. L’IVG a été un grand progrès mais une interruption de grossesse, ça laisse des traces et il vaudrait mieux se protéger.
Pourquoi, elles ne se protègent pas les filles aujourd’hui alors qu’elles ont tout à portée de la main ?
On aurait rêvé avoir ce qu’elles ont aujourd’hui et elles n’ont pas conscience de la liberté qu‘elles ont par rapport à nous. Quand je vois dans certains documentaires qu’il y a encore des dizaines de milliers d’IVG, je ne comprends pas. Dire qu’il y a des gens aujourd’hui qui attaquent les cliniques qui font des IVG alors que ça a été un très grand progrès pour la femme.
Annic