A l’origine, je ne suis pas d’ici. On venait pour les vacances au sillon de Talbert avec mes parents. Ils ont adoré le coin et on y est resté. Mon papa était assez vieux et quand il s’est retrouvé à la retraite, ils ont décidé de venir vivre ici. Je suis arrivé en 1973. J’étais jeune, j’avais 13 ans. On n’est plus reparti. On venait du Nord de Maubeuge
Au début, c’était un peu dur, moi qui avait l’habitude d’être en ville, où ça bougeait quand même plus qu’ici. L’hiver, ici, en Bretagne, en bords de mer, houlà !
Mais aujourd’hui, je ne repartirai pas, je ne déménagerais d’ici pour rien au monde. Je ne vais même plus dans le Nord, c’est pour vous dire.
Ma femme, c’est une Bretonne qui est née à 4 kilomètres d’ici. Mes enfants sont nés ici. Maintenant, je suis vraiment dans le pays.
Ici, tu vis avec le paysage et à la fin tu n’y fais même plus attention. Mais dès que tu lèves la tête, t’en prends plein les yeux
Moi, je suis routier, ça fait 15 ans que je suis routier. Il me reste encore 3 ans à faire.
Et mon fils est marin. Mon fils a embarqué sur Britanny Ferries et moi, j’ai embarqué dans les camions.
Avant, j’étais gardien de l’île à Bois.
Je faisais tout ce qu’il y a à faire ; l’entretien, les courses. Ma femme faisait la cuisine. J’ai fait ça pendant 14 ans. On faisait ça pour les propriétaires qui vivaient là. Après, ça c’est arrêté parce qu’ils ont supprimé le poste de gardien salarié. C’était un bon job très sympa. Des fois, je prenais mon bateau et je traversais en 10 minutes et j’allais boire un coup à Loguivy. Fallait pas que je boive de trop de l’autre coté parce qu’il fallait revenir.
On l’appelle l’île à Bois mais en fait, c’est une presqu’île car elle est reliée par une digue à la terre. Avant, il n’y avait pas de digue et c’est du temps de la guerre, quand il y avait les Allemands qui se sont installés sur l’île qu’ils ont fait faire la digue. Mon beau-père qui est d’ici, à travailler avec d’autres à la construire. Ils n’avaient pas le choix.
Plus tard, il m’a dit :
– Si j’avais su que mon beau-fils viendrait y travailler comme gardien.
Et il rigolait.
Patrice